Pourquoi utilise-t-on l’expression « prendre en grippe » en français ?

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Le langage est un véritable trésor, une richesse incommensurable qui nous permet de nous exprimer, de communiquer et de partager nos émotions, nos idées et nos connaissances.

La langue française, en particulier, est réputée pour sa diversité et sa richesse lexicale, ainsi que pour la variété de ses expressions qui peuvent parfois sembler énigmatiques, voire déroutantes.

Parmi ces expressions, « prendre en grippe » est l’une d’entre elles qui a traversé les siècles et suscite encore aujourd’hui la curiosité des amoureux de la langue.

Alors, pourquoi dit-on « prendre en grippe » pour exprimer un sentiment de mécontentement ou d’antipathie envers quelqu’un ?

Comment cette expression est-elle née et quelles sont les étapes marquantes de son évolution ?

C’est ce que nous vous proposons de découvrir au fil de cet article exhaustif, qui vous dévoilera les secrets et les mystères de cette locution populaire.

L’origine de l’expression « prendre en grippe »

Comme pour de nombreuses expressions, il est important de remonter le temps pour en comprendre les origines et le sens. « Prendre en grippe » est une locution figurée qui date du XVIe siècle et qui a connu plusieurs transformations au fil du temps.

  • L’étymologie du mot « grippe » : Le terme « grippe » provient de l’ancien français « grip », qui signifie « saisir » ou « attraper ». Il est intéressant de noter que l’origine de ce mot est incertaine et fait débat parmi les linguistes. Certains avancent qu’il serait issu du vieux bas francique « grippa », tandis que d’autres estiment qu’il pourrait être d’origine germanique, dérivé du verbe « gripa » qui signifie « saisir ».
  • Le sens premier de l’expression : « Prendre en grippe » signifiait à l’origine « s’attraper mutuellement » ou « se prendre l’un l’autre », dans le sens de se disputer ou se quereller. La locution est donc née d’une métaphore qui reposait sur l’idée de saisir son adversaire pour l’empêcher de nuire.
  • L’évolution du sens de l’expression : Au fil des siècles, l’expression « prendre en grippe » a évolué et a fini par prendre un sens plus large, englobant non seulement l’idée de dispute, mais aussi celle d’antipathie ou de mécontentement à l’égard de quelqu’un. Ainsi, aujourd’hui, l’expression est souvent employée pour exprimer le fait de ne pas apprécier quelqu’un, sans qu’il y ait nécessairement de conflit ouvert.

La grippe, maladie contagieuse et source d’inspiration linguistique

Ce n’est un secret pour personne, la grippe est une maladie virale très contagieuse qui se propage rapidement et peut affecter des individus de tout âge. Mais saviez-vous que cette maladie a laissé son empreinte dans la langue française et a contribué à l’enrichissement de notre lexique ?

  1. Le terme « grippe » pour désigner la maladie : Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que le mot « grippe » a commencé à être utilisé pour désigner la maladie que nous connaissons aujourd’hui. Avant cela, on parlait plutôt de « catarrhe » ou de « rhume épidémique ». Le choix du terme « grippe » pour désigner cette affection s’explique par le fait qu’elle « attrape » rapidement ses victimes, en référence à l’étymologie du mot évoquée précédemment.
  2. Les expressions liées à la grippe : Outre l’expression « prendre en grippe », d’autres locutions françaises font référence à la grippe, comme « attraper la grippe » ou « avoir la grippe ». Ces expressions témoignent de l’influence de cette maladie sur la langue française et de sa prégnance dans l’imaginaire collectif.

Les variantes régionales et internationales de l’expression « prendre en grippe »

La richesse de la langue française ne se limite pas à l’Hexagone, mais s’étend aux régions francophones du monde entier. Ainsi, il est intéressant de constater que l’expression « prendre en grippe » connaît des variantes régionales et internationales qui témoignent de la diversité et de la créativité des locuteurs francophones.

  • En Belgique : Nos voisins belges utilisent l’expression « prendre en chicane » pour exprimer la même idée que « prendre en grippe ». Le mot « chicane » est d’origine française et signifie « dispute » ou « querelle ».
  • Au Québec : Au Canada francophone, on emploie plutôt l’expression « prendre en grip » pour signifier que l’on ne porte pas quelqu’un dans son cœur. Cette variante est très proche de l’expression française, mais utilise une forme raccourcie du mot « grippe ».
  • En Suisse : En Suisse romande, l’expression « prendre en grippe » est utilisée, mais elle peut parfois être remplacée par « prendre en querelle » ou « prendre en bisbille », deux locutions qui renvoient à l’idée de dispute ou de mésentente avec quelqu’un.

Des expressions similaires dans d’autres langues

La langue française n’est pas la seule à posséder des expressions pour exprimer l’idée de mécontentement ou d’antipathie à l’égard de quelqu’un. En effet, de nombreux idiomes étrangers ont recours à des locutions particulières pour véhiculer cette notion. Cela témoigne de l’universalité de ce sentiment et de la richesse des langages qui, bien que différents, parviennent à exprimer des émotions et des idées similaires.

  • En anglais : L’expression anglaise « to have a bone to pick with someone » (avoir un os à ronger avec quelqu’un) traduit le fait d’avoir un différend ou un mécontentement envers quelqu’un. Cette locution provient de l’image d’un chien qui ronge un os, symbolisant ici une dispute ou une querelle persistante.
  • En espagnol : L’expression « tenerle manía a alguien » (avoir de la manie pour quelqu’un) est utilisée en espagnol pour signifier que l’on n’apprécie pas quelqu’un. Le terme « manía » renvoie ici à l’idée d’obsession ou de fixation négative à l’égard d’une personne.
  • En allemand : En allemand, on dit « einen Korb bekommen » (recevoir un panier) pour exprimer le fait d’être rejeté ou mal vu par quelqu’un. Cette expression tire son origine de la pratique médiévale qui consistait à envoyer un panier à quelqu’un pour lui signifier son mécontentement ou son refus.
  • En italien : L’expression italienne « avere un pelo sullo stomaco » (avoir un poil sur l’estomac) illustre le fait de mal digérer quelqu’un, c’est-à-dire de ne pas l’apprécier ou d’éprouver de l’antipathie pour cette personne. Le poil sur l’estomac symbolise ici un obstacle à la digestion, à l’image d’une relation difficile à accepter.

En somme, l’expression « prendre en grippe » a traversé les siècles et s’est implantée durablement dans la langue française, tout en connaissant des variantes régionales et internationales témoignant de la diversité et de la richesse des locuteurs francophones. Cette locution, née d’une métaphore liée à l’idée de saisir son adversaire, a fini par prendre un sens plus large, englobant l’antipathie et le mécontentement à l’égard de quelqu’un. De plus, la grippe, en tant que maladie contagieuse, a marqué la langue française et a donné lieu à d’autres expressions liées à cette affection.

Il est fascinant de constater que ce sentiment de mécontentement ou d’antipathie est exprimé de différentes manières dans d’autres langues, avec des expressions qui puisent leur source dans des images variées et souvent singulières. Ces locutions témoignent de l’universalité des émotions humaines et de la créativité des langages pour les traduire.

Enfin, il est important de souligner que la langue est un héritage précieux, un patrimoine vivant en constante évolution. Elle est le reflet de notre histoire, de notre culture et de notre identité. Les expressions et les mots sont autant de témoins de notre passé et de notre présent, des éléments indispensables pour comprendre et appréhender le monde qui nous entoure. Alors, ne cessons jamais d’être curieux et passionnés par les trésors que recèle notre langue, car comme le disait si bien Victor Hugo : « La langue est la première et la dernière de toutes les merveilles du monde ».

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