Pourquoi la Belgique est-elle souvent accusée d’être le pays des « bêtes » ?

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La Belgique, pays voisin de la France, est souvent l’objet de moqueries de la part des Français et d’autres nations européennes.

Parmi ces quolibets, l’un des plus courants est celui qui prétend que les Belges sont « bêtes ».

Mais d’où vient cette réputation et est-elle véritablement fondée ?

Cet article se propose d’explorer les origines de cette perception, les raisons pour lesquelles elle perdure et les diverses manières dont elle se manifeste dans la culture populaire et les échanges entre les deux pays.

Enfin, nous nous interrogerons sur la pertinence de cette idée reçue et sur la manière dont les Belges eux-mêmes appréhendent cette image qui leur est attribuée.

Origines historiques et culturelles de la stéréotype

Dès le départ, il convient de souligner que la Belgique est un pays relativement jeune, puisque son indépendance ne date que de 1830. Toutefois, dès cette époque, la France, notamment, entretenait déjà un certain nombre de préjugés à l’égard de ses voisins du Nord.

Les origines de cette perception de la « bêtise » belge se trouvent en partie dans l’histoire de la Belgique et de la France. En effet, lors de l’annexion de la Belgique par la France en 1795, les Belges étaient souvent perçus comme des provinciaux, un peu naïfs et ignorants des subtilités de la vie parisienne. De plus, la différence de langue entre les deux pays – la Belgique étant principalement francophone, mais aussi néerlandophone et germanophone – a pu contribuer à renforcer ce sentiment d’infériorité culturelle.

Par ailleurs, la Belgique a souvent été un terrain de jeu pour les puissances européennes, qui se sont disputé son territoire à maintes reprises au cours de l’histoire. Cette situation a pu contribuer à donner l’image d’un pays faible, incapable de se défendre et donc plus enclin à être la risée de ses voisins.

La « bêtise belge » dans la culture populaire

Le stéréotype de la « bêtise belge » s’est progressivement ancré dans la culture populaire, notamment à travers les blagues et les histoires drôles mettant en scène des personnages belges.

  • Les fameuses « histoires belges » sont un exemple typique de ce phénomène. Elles mettent en scène des Belges confrontés à des situations absurdes ou burlesques, où leur prétendue naïveté ou bêtise est mise en avant. Ces histoires, souvent racontées avec une pointe d’ironie et de condescendance, sont monnaie courante en France et ailleurs en Europe.
  • Les personnages de fiction belges sont souvent représentés comme étant un peu simples d’esprit. Par exemple, le personnage de Gaston Lagaffe, créé par le dessinateur belge André Franquin, incarne parfaitement ce stéréotype. Ce personnage de bande dessinée, maladroit et étourdi, est souvent présenté comme un exemple de la « bêtise belge ».
  • Les humoristes et comédiens belges, tels que Benoît Poelvoorde ou François Pirette, jouent parfois volontairement sur ce stéréotype en incarnant des personnages naïfs et candides, renforçant ainsi l’image de la Belgique comme pays des « bêtes ».

Raisons de la persistance de la stéréotype

Malgré les nombreux exemples de Belges talentueux et intelligents – pensons notamment à l’écrivain Georges Simenon ou au réalisateur Jaco Van Dormael – le stéréotype de la « bêtise belge » perdure et continue d’alimenter les moqueries et les plaisanteries. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette persistance.

  1. Le besoin de se moquer : comme pour toute caricature ou stéréotype, celui de la « bêtise belge » répond à un besoin social de se moquer de l’autre, de se sentir supérieur en rabaissant l’autre. Ce mécanisme est très répandu et peut s’appliquer à de nombreux groupes sociaux ou nationaux.
  2. Le poids des traditions : les « histoires belges » et autres représentations de la « bêtise belge » sont transmises de génération en génération, contribuant ainsi à perpétuer le stéréotype. Ces traditions sont souvent difficiles à remettre en question et peuvent perdurer même en l’absence de fondement réel.
  3. La méconnaissance mutuelle : la proximité géographique entre la France et la Belgique ne signifie pas nécessairement une connaissance approfondie de l’autre pays et de sa culture. Cette méconnaissance peut renforcer les préjugés et les stéréotypes, en ne laissant place qu’à des généralisations simplistes.

La réaction des Belges face à cette stéréotype

Face à cette image qui leur est souvent attribuée, les Belges ont développé diverses stratégies pour y faire face :

Premièrement, l’auto-dérision est un moyen souvent employé par les Belges pour dédramatiser et désamorcer les moqueries à leur égard. En riant d’eux-mêmes et en jouant sur ce stéréotype, les Belges montrent qu’ils sont capables de prendre de la distance par rapport à cette image et de ne pas la prendre trop au sérieux.

Deuxièmement, certains Belges choisissent de revendiquer cette image de « bêtise » comme une forme de singularité et de spécificité culturelle. En effet, la Belgique est un pays qui se caractérise par un certain humour absurde et surréaliste, hérité notamment de l’œuvre du peintre René Magritte. Ainsi, être « bête » pourrait être perçu comme une manière de cultiver cette originalité et de se démarquer des autres nations, notamment de la France, qui se veut souvent porteuse d’une certaine « excellence » culturelle et intellectuelle.

Troisièmement, certains Belges s’efforcent de démontrer que le stéréotype de la « bêtise belge » est infondé, en mettant en avant les nombreuses réussites et talents issus de leur pays. Que ce soit dans les domaines des arts, des sciences, de la politique ou du sport, la Belgique compte de nombreuses personnalités et réalisations qui témoignent de l’intelligence, de la créativité et du dynamisme de ses habitants.

Enfin, il est important de rappeler que la Belgique est un pays complexe et diversifié, avec une histoire et une culture riches, qui ne peuvent être réduites à un simple stéréotype. Les Belges, conscients de cette diversité et de cette richesse, sont souvent les premiers à dénoncer et à combattre cette image réductrice et stigmatisante.

La persistance de l’image de la « bêtise belge » dans l’imaginaire collectif s’explique en partie par des raisons historiques et culturelles, ainsi que par le besoin de se moquer et de se sentir supérieur à l’autre. Toutefois, cette idée reçue est largement remise en question par les Belges eux-mêmes, qui parviennent à en tirer parti par l’humour, l’auto-dérision et la mise en avant de leur singularité culturelle. Il est donc important de prendre du recul par rapport à ce stéréotype et de reconnaître la Belgique pour ce qu’elle est réellement : un pays riche, diversifié et plein de ressources, loin de toute « bêtise » supposée.

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