Pourquoi et comment greffer certains arbres ? Les secrets d’une pratique ancestrale

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Depuis des siècles, l’homme a cherché à améliorer la qualité et la productivité de ses cultures.

Parmi les techniques agricoles développées, la greffe d’arbres occupe une place importante et fascinante.

Elle permet de créer de nouvelles variétés, d’optimiser la résistance aux maladies et aux parasites, d’adapter les arbres à des conditions climatiques particulières ou encore d’accélérer leur croissance.

Nous allons vous dévoiler en profondeur les raisons pour lesquelles on greffe certains arbres, les différentes méthodes de greffe existantes, ainsi que les avantages et les inconvénients de cette pratique.

Comprendre la greffe d’arbres : définition, objectifs et principes généraux

Pour commencer, il est essentiel de définir ce qu’est une greffe d’arbre et d’en comprendre les objectifs principaux.

La greffe est une technique horticole qui consiste à assembler deux parties de végétaux différents, de manière à ce qu’ils fusionnent et continuent à se développer ensemble. On distingue généralement deux parties dans une greffe :

  1. Le porte-greffe : c’est la partie inférieure de l’arbre, qui est enracinée dans le sol. Il assure la stabilité et la nutrition de l’arbre greffé.
  2. Le greffon : c’est la partie supérieure de l’arbre, qui porte les bourgeons ou les rameaux de la variété que l’on souhaite reproduire. Il détermine les caractéristiques du fruit ou de la fleur de l’arbre greffé.

La greffe d’arbres répond à plusieurs objectifs :

  • Améliorer la qualité des fruits ou des fleurs, en créant de nouvelles variétés qui combinent les caractéristiques intéressantes de deux végétaux différents.
  • Augmenter la productivité des arbres, en sélectionnant des porte-greffes qui favorisent la croissance rapide, la résistance aux maladies ou la fructification.
  • Adapter les arbres à des conditions climatiques spécifiques, en choisissant des porte-greffes qui supportent les températures extrêmes, les sols pauvres ou les périodes de sécheresse.
  • Faciliter la culture des arbres, en utilisant des porte-greffes qui réduisent la taille de l’arbre, simplifient sa taille ou limitent son enracinement.

Les différentes techniques de greffe : choisir la méthode la plus adaptée à chaque situation

Il existe de nombreuses techniques de greffe, qui se distinguent par la manière dont le greffon et le porte-greffe sont assemblés et maintenus ensemble. Chaque méthode présente ses avantages et ses inconvénients, et doit être adaptée à la situation spécifique de chaque arbre.

Voici un aperçu des principales techniques de greffe :

  1. La greffe en fente : cette méthode consiste à fendre le tronc du porte-greffe et à y insérer un ou plusieurs greffons préalablement taillés en biseau. Elle est particulièrement adaptée aux arbres fruitiers à noyau, comme le cerisier ou le pêcher.
  2. La greffe en écusson : elle consiste à prélever un œil (bourgeon) sur le greffon et à l’insérer sous l’écorce du porte-greffe. Cette technique est couramment utilisée pour les rosiers, les pommiers ou les poiriers.
  3. La greffe en couronne : elle se pratique en insérant plusieurs greffons autour de la circonférence du porte-greffe, en soulevant légèrement l’écorce. Cette méthode est adaptée aux arbres à tronc épais, comme le noyer ou le châtaignier.
  4. La greffe en placage : elle consiste à coller le greffon sur le porte-greffe, en faisant coïncider les cambiums (couches de cellules responsables de la croissance) des deux végétaux. Cette technique est utilisée pour les conifères ou les arbres à feuilles persistantes.

Il est important de choisir la technique de greffe la plus adaptée à chaque situation, en tenant compte des caractéristiques des végétaux concernés (espèce, âge, taille, état sanitaire) et de l’objectif recherché (amélioration de la qualité, de la productivité, de la résistance ou de la culture).

Les étapes clés d’une greffe réussie : préparation, réalisation et suivi

Réaliser une greffe d’arbres nécessite du savoir-faire, de la patience et de l’attention. Voici les étapes clés à respecter pour optimiser les chances de réussite :

  • Choisir le bon moment : la greffe doit être réalisée lorsque la sève monte dans le porte-greffe, généralement au printemps ou en été. Le greffon doit être prélevé en hiver, lorsque l’arbre est en dormance, et conservé au frais jusqu’au moment de la greffe.
  • Préparer le matériel : il est important de disposer d’outils propres et bien affûtés (sécateur, greffoir, scie) pour réaliser les coupes avec précision et éviter les infections. Un lien (raphia, élastique, film plastique) et un mastic à greffer (cire, résine) sont nécessaires pour maintenir et protéger la greffe.
  • Sélectionner les végétaux : le porte-greffe et le greffon doivent être choisis en fonction de leur compatibilité (espèce, variété, vigueur) et de leurs caractéristiques (qualité, productivité, résistance). Il est essentiel de prélever des greffons sains et bien formés, avec des bourgeons bien développés.
  • Réaliser la greffe avec soin : chaque technique de greffe demande une exécution minutieuse et précise, pour favoriser la fusion des tissus végétaux et la circulation de la sève. Il est primordial de veiller à la propreté et à la stérilité des outils et des mains, pour limiter les risques de contamination par des bactéries ou des champignons.
  • Assurer un suivi régulier : après la greffe, il est important de surveiller l’évolution de l’arbre (prise de la greffe, cicatrisation, croissance, fructification) et d’intervenir si nécessaire (taille, traitement, arrosage, fertilisation). Une greffe réussie peut demander plusieurs années de patience et d’attention.

Les avantages et les inconvénients de la greffe d’arbres : un bilan contrasté

La greffe d’arbres présente de nombreux avantages, mais aussi quelques inconvénients qu’il convient de prendre en compte avant de se lancer dans cette pratique.

Parmi les principaux avantages de la greffe, on peut citer :

  • La possibilité de créer de nouvelles variétés de fruits ou de fleurs, en combinant les caractéristiques intéressantes de deux végétaux différents. La greffe permet ainsi d’enrichir la diversité génétique et gustative des cultures.
  • La capacité à améliorer la productivité des arbres, en sélectionnant des porte-greffes qui favorisent la croissance rapide, la résistance aux maladies ou la fructification. La greffe contribue à optimiser le rendement et la rentabilité des exploitations agricoles.
  • L’adaptation des arbres à des conditions climatiques spécifiques, en choisissant des porte-greffes qui supportent les températures extrêmes, les sols pauvres ou les périodes de sécheresse. La greffe permet de développer des cultures durables et résilientes face aux changements climatiques.
  • La facilitation de la culture des arbres, en utilisant des porte-greffes qui réduisent la taille de l’arbre, simplifient sa taille ou limitent son enracinement. La greffe contribue à rendre les pratiques horticoles plus accessibles et moins coûteuses.

Les principaux inconvénients de la greffe sont :

  • La complexité de certaines techniques de greffe, qui demandent du savoir-faire, de la patience et de l’attention. La réussite d’une greffe n’est jamais garantie et peut être remise en cause par de nombreux facteurs (incompatibilité des végétaux, mauvaise exécution, conditions climatiques défavorables).
  • Le coût du matériel et des interventions nécessaires à la réalisation et au suivi d’une greffe. Les greffes d’arbres peuvent représenter un investissement important, notamment pour les petits exploitants ou les jardiniers amateurs.
  • Les risques sanitaires liés à la manipulation des tissus végétaux, qui peuvent être contaminés par des bactéries, des champignons ou des virus. Une greffe mal réalisée ou mal protégée peut entraîner la propagation de maladies et la perte de l’arbre greffé.
  • Les questions éthiques soulevées par certaines pratiques de greffe, qui peuvent être perçues comme une manipulation excessive de la nature ou une atteinte à la biodiversité. La greffe d’arbres soulève des débats passionnants et controversés sur les limites de l’intervention humaine dans le monde végétal.

La greffe d’arbres est une pratique ancestrale et fascinante qui permet d’améliorer la qualité et la productivité des cultures, tout en offrant des possibilités de création et d’adaptation inédites. Elle demande néanmoins du savoir-faire, de la patience et une réflexion éthique sur les enjeux et les conséquences de cette intervention sur la nature. En maîtrisant les différentes techniques de greffe et en respectant les étapes clés d’une greffe réussie, il est possible de contribuer à l’épanouissement d’un patrimoine végétal riche et varié, au service des générations futures et de l’environnement.

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